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  • Photo du rédacteurLouise

Vick à propos du féminisme

Plus besoin de vous la présenter. Vick. Elle a 19 ans, elle est réunionnaise. Vous avez pu la découvrir dans une précédente entrevue, au cours de laquelle nous abordions la vie en colocation. Aujourd’hui, on parle féminisme avec elle, en plusieurs questions, plus ou moins ouvertes. Quoi de mieux me direz-vous en ce 8 mars ? On célèbre aujourd’hui avec Vick, la journée internationale pour les droits des femmes toujours avec bienveillance. Belle lecture à vous!


Qu’entends tu par féminisme ?

Pour moi c’est déconstruire les images qu’on a qui s’associe au genre. Tendre vers l’égalité, la parité hommes/femmes. Essayer de faire des déconstructions sur pleins de choses parce que je pense qu’il y a pleins de choses qu’on associe pas forcément au féminisme et on se rend pas compte que ça peut être lié à notre société patriarcale. Il y a pleins de petites choses auxquelles il faut faire attention et il faut vraiment se dire sur certaines choses « est-ce que c’est moi qui pense, qui agit? Ou est ce que je fais ça à cause d’une construction sociale assimilée depuis la naissance ? ». Pour moi c’est ça le féminisme aussi, c’est remettre en question.

Je n’ai jamais manifesté encore, ni été dans la rue à proprement parlé. Mais je pense que ça va se faire. Après autour de moi j’en parle beaucoup avec mes amies par exemple, j’ai quad même beaucoup de gens dans mon entourage qui se disent « féministes ». Après, j’en parle aussi avec des gens pour qui la notion est plus compliquée, qui ont plus de mal, qui ne comprennent pas et c’est là que je me rend vraiment compte que c’est vraiment compliqué à aborder, il faut trouver la bonne manière pour que eux fassent leur chemin. Qu’ils ne se braquent pas. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui se braquent.


D’autres ne se braquent pas mais certaines choses que je dis leur apparaissent futiles. Pour eux le féminisme se résume juste à l’égalité salariale et l’égalité devant la loi alors qu’en fait ce n’est pas que ça.C’est aussi, la visibilité médiatique, que quand tu es une petite fille savoir que tu peux faire tout ce que tu as envie, t’as le droit d’être maçon par exemple. Et puis pour les petits garçons c’est pareil, un garçon peut être danseur étoile, ou bien encore sage-femme, tous ces métiers associés aux femmes. Il faut pas oublié que les stéréotypes de genre touchent tous les genres. Et pour moi le féminisme c’est aussi ça, contre la société patriarcale et toutes les idées préconçues qui en découlent et les attentes qu’on a par rapport au genre assigné à la naissance. Ça ne devrait pas définir toute ta vie, comment tu dois penser, agir, t’habiller...


Comment se traduit ton engagement féministe au quotidien, concrètement ?

J’essaye de pas juger du tout les attitudes. On nous a mis des choses dans la tête, que certaines attitudes vestimentaires, sexuelles n’étaient pas bonnes. C’est des choses que je ne veux plus penser, qui ne doivent plus me traverser l’esprit. Chaque être humain fait absolument ce qu’il veut, ce sont c’est choix et il est libre.

Et sinon, en terme plus matériel, le soutien gorge par exemple, j’ai arrêté il y a quasiment 1 an et demi. J’ai arrêté du jour au lendemain. Je me suis dit : « mais en fait ça n’a aucun sens, j’ai mal au dos, ça me soûle en plus j’ai pas une poitrine vraiment proéminente, aller je l’enlève ! ». Et puis en plus c’était en automne, au début d’hiver, alors c’était facile, personne le remarque. Peut-être le moment où ça a été plus compliqué et plus difficile à assumer c’est au printemps été, quand j’ai commencé à porter des débardeurs. J’étais nue dessous et forcément les regards sont plus attirés. Après je l’ai pas vécu à proprement parlé comme un acte féministe, je n’étais pas dans une démarche de casser un stéréotype. C’était plus dans l’idée, de me dire, ça me gène, pourquoi parce que je suis une femme je devrais porter ça. C’était plus dans ma tête l’acte féministe parce qu’en fait on m’a fait des réflexions : « oh t’as pas de soutien gorge ? », « on voit tes tétons, ça te gène pas? ». Et en fait au moment où tu dis « bah non, pourquoi ça me gênerait ? » , je pense que c’est à ce moment là où tu t’affirmes en tant que femme et que tu te dis « je fais ce que je veux de mon corps, c’est moi qui en dispose comme j’ai envie! », « si je n’ai pas envie de mettre tel ou tel vêtement, je ne le fais pas ». Et c’est vrai que je pense que la manière que tu as de réagir est hyper importante, et il ne faut vraiment pas se laisser désarçonner par les regards, les réflexions. Après, je ne dis pas que ça a été facile dès le début, j’étais gênée surtout quand les gens font des réflexions en public. Une fois, un ami a dit devant tout le monde autour d’une table, « aha tu n’as pas de soutien-gorge, on voit tes tétons ! ». Que dire ? Au début avec ce genre de réflexions je n’osais trop rien dire, puis au fur et à mesure, tu commences à parler, à dire « ouais, et alors, t’en as pas non plus ? Je fais encore ce que je veux ?! ». Ça fait du bien en fait. (rires)

Il y a aussi des femmes qui ne se rasent plus, je trouve ça génial. Moi avec ça j’ai encore du mal et en fait je me demande pourquoi et j’essaye d’y réfléchir et de me dire pourquoi ça dérange ? Enfin, je trouve très inspirantes ces femmes qui arrête de s’épiler. Après, il ne faut pas qu’il y ai un effet inverse, chaque femme est libre de se raser ou pas. Il ne faut pas non plus dire « t’es pas féministe parce que tu te rases ! ».Chacune d’entre nous doit faire ce qu’elle a envie de faire et ne pas se mettre de pression. Je ne me mets pas de pression la dessus. Quand j’ai envie je m’épile, si je n’ai pas envie je ne le fais pas.

A mon sens, de toute manière, il y a pas une façon d’être féministe, chacun fait son propre chemin, son propre féminisme. Et chacun vit ses convictions comme il a envie et il ne faut pas se mettre la pression entre nous.


Un mot pour finir ?

Sororité ! Parce-que je pense qu’il est hyper important que les femmes se rassemblent et s’épaulent dans cette lutte qui dure depuis plus d’un siècle. Il est hyper important je pense, que les femmes ne se tirent pas dans les pattes. Qu’on soit toutes ensembles et qu’on se juge pas, par exemple dans la manière de s’habiller. On l’a vu avec #MeToo, que certaines femmes remettent en cause les tenues que les victimes portaient pendant leur agression et pour moi c’est quelque chose d’affreux, ça me fait beaucoup de peine qu’entre femmes on en arrive à ne pas s’épauler, à ne pas s’écouter. Pour moi c’est ça le plus important, c’est que toutes les femmes soient unies, parce que c’est pour toutes les femmes.


Merci à Vick pour sa confiance, sa simplicité et ses mots qui font du bien.

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