LET'S TALK WITH JULIETTE TODAY pour une foire aux questions

Posez vous et servez le thé ! Après quelques mois d'absence, le blog reprend son cours avec une nouvelle entrevue et pas des moindres. Aujourd'hui, je vous présente la petite Juju, 20 ans et toutes ses dents, une autre de mes sœurs avec qui nous allons causer avenir, confiance en soi, réseaux sociaux et bien encore. Un cocktail délicieux, un incroyable mélange de saveurs pour passer un moment agréable en sa compagnie !

C’est quoi ton plus grand rêve ?

Mon plus grand rêve, c’est de partir un jour et de me dire clairement « c’est pas grave, maintenant tu y vas et tu lâches prise ! ». Je sais pas si je veux faire ça seule ou accompagnée. Je sais simplement que j’ai soif de la culture d’autres régions du monde et qu’on a beaucoup de choses à apprendre des autres contrairement à ce que certains de nos politiques pourraient être amenés à penser ! En ayant voyagé un petit peu déjà, les souvenirs que je garde sûrement le plus encrées en moi sont ces expériences de voyages car d’une certaine façon ça m’a aidé à me construire.

Du coup, depuis que j’ai le permis j’imagine pleins de scénarios, très très clichés certes, mais qui mine de rien pourraient un jour porter leurs fruits : faire un Road Trip en voiture avec une playlist à rallonge sur laquelle je peux user mes cordes vocales, partir avec mes sœurs, aller habiter à Lima (Pérou) pendant plusieurs mois, apprendre à parler espagnol, les idées fusent !

En fait, sortir de ma zone de confort, partir sans pression et sans me dire que je dois quoi que ce soit à quelqu’un, faire juste ça pour moi et vivre à fond le moment !

Tu te vois où dans dix ans ?

C’est difficile à dire. Dans dix ans, je sais pertinemment que je ne veux pas être dans un bureau ! L’idéal, ce serait de faire quelque chose qui me permettent de réaliser mes projets secrets futurs avec mes chères sœurs ahah !

Après, même si j’aimerais connaître l’avenir en tout planifiant, je sais que ce n’est pas possible et on sait jamais ce qu’il peut arriver : un accident, une famille, un imprévu..Ce que je sais, c’est que si dans 10 ans je suis là à me dire que je suis dans le regret, que j’ai pas accompli tout ce que je veux accomplir, je réagirai !

Peux-tu nous parler du rapport que tu entretiens avec ton corps depuis l’enfance ?

Un rapport très compliqué et beaucoup trop exigent qui varie d’année en année. J’ai longtemps détesté mon corps du fait de tout ce qu’on m’en disait. La période du collège a été très traumatisante pour lui !

Après l’époque du lycée est arrivée, premier amoureux, premières expériences et là on se rend compte de tout ce qu’on peut ressentir avec son corps, que si on est dur avec lui, si on a du mal à l’apprécier à sa juste valeur, quelqu’un d’autre peut nous aider à le faire ! Et ça soulage d’un poids énorme. Après, quand vient le moment où on ne se moque plus de ton corps ou quoi que ce soit, tu sens quand même que le fait qu’il soit sexualisé ne le laisse pas tranquille non plus.

Le plus dur pour moi, je pense que ça a été d’accepter que j’étais une femme et plus une « fille ». Le corps change forcément et parfois c’est difficile parce que plus jeune, on croit que pour être physiquement attirante, il faut être toute plate et correspondre un peu à ce physique de femme-enfant. On ne s’imagine pas que l’attirance peut venir de pleins d’autres manières. C’est aussi dû au fait qu’actuellement, le physique est la base de tout. Ce qui m’attriste profondément ! Et je dis ça autant pour les mecs que pour les filles ! C’est certain, on est attirés au premier abord par un physique, dire le contraire serait mentir ! MAIS, ça ne fait pas tout. Personnellement, un mec peut être esthétiquement parfait, s’il n’a rien à dire et qu’il n’est pas intéressant, j’aurais même pas envie de le toucher ! Pourtant, j’ai parfois l’impression qu’aujourd’hui, à cause de notre société numérique, il est plus important d’être beau que d’être intelligent.

Aujourd’hui, je pense que le rapport que j’entretiens avec mon corps est encore difficile parce que je sais que je suis tout le temps dure avec lui, je me fous jamais la paix ! Pourtant mon corps fonctionne, il me permet de ressentir des choses magnifiques ! Ce qui est marrant, c’est que je suis hyper contradictoire dans le sens où l’unique moment où je ne lui fous pas la paix, c’est quand je suis seule face à lui-même. Je ne manque pas de confiance en moi finalement ! Dans ma sexualité, quand je me retrouve face à quelqu’un qui me regarde, qui me touche, je lui fous la paix et je ne pense pas à la dureté que j’ai envers lui d’habitude ! Je peux même dire que mon corps à ce moment là, je l’aime. Et ça c’est une énigme qu’il faut que je résolve !

Nelson Mandela disait une chose qui devrait rentrer dans la tête de beaucoup de femmes et dans la mienne aussi parce que c’est tellement important : « Pour faire la paix avec un ennemi, on doit travailler avec cet ennemi, et cet ennemi devient votre associé », et c’est tellement vrai ! Ton corps, ça doit pas être ton ennemi parce que de toute façon, tu peux que vivre avec alors à la place de le haïr, fais avec lui. Aide-le à découvrir toutes les sensations qu’il peut ressentir, fais en sorte qu’il fonctionne bien, vois toutes ses qualités, et là tu l’accepteras et tu l’apprécieras ! Maintenant, j’ai envie d’aller vers ce mode de pensée.

Qu’est-ce qui te permet de te réapproprier un peu plus ton corps chaque jour ?

Je pense que faire du sport c’est une des activités où je me réapproprie vraiment mon corps, où je me dis vraiment que je peux le mener là où j’en ai envie. Même simplement des fois de me mettre à danser ou simplement de m’allonger sur mon lit en écoutant un vrai bon morceau de musique, ça libère mon esprit et mon corps !

Après, je me réapproprie mon corps en m’habillant de la façon dont je veux m’habiller. J’aime bien suivre ma mode. Des fois elle n’a pas trop de sens mais je me sens bien donc c’est parfait ! L’important pour moi c’est de toujours avoir des couleurs, parce que les couleurs c’est vraiment moi !

Récemment, j’ai découvert une autre façon de me réapproprier mon corps qui m’a fait beaucoup réfléchir : la relaxation. J’assiste à un cours à la fac avec ma copine Emma et franchement, c’est super ! En fait, pendant une heure, on est focus uniquement sur son corps. Mais ce qui est différent du sport c’est qu’on cherche en aucun cas du résultat, on est juste là pour l’écouter, l’attendrir, le comprendre grâce à des respirations, des touchers. Par exemple, on peut faire un exercice où l’on descends petit à petit le long de son corps en restant 5 minutes les mains posées sur la nuque, la poitrine, le ventre, le pubis. C’est vraiment intéressant et je remarque que c’est vraiment le seul moment où je suis focus que sur le véritable bien-être de mon corps !

J’aime de temps en temps faire un maquillage de folie et mettre mon visage vraiment en valeur aussi, ça me donne encore plus de confiance en moi.

Qu’est-ce que c’est pour toi le féminisme ?

Pour moi le féminisme c’est simplement l’égalité. C’est pas un combat qui doit seulement occuper les femmes. C’est pas un combat qui doit concerner le problème de l’inégalité hommes-femmes dans le monde, c’est un combat qui doit inclure toutes les causes et qui doit viser l’égalité entre les humains et pas qu’homme-femme. Le féminisme, c’est penser un monde où ton prof d’EPS ne fait pas un groupe de filles et un groupe de garçons, c’est penser un monde où l’homme ne se sent pas supérieur par rapport à sa taille ou inférieur car parfois coulent des larmes sur ses joues. C’est croire possible un monde où moins de femmes trouveront la mort sous les coups de leur conjoint.

Je rêve du jour où notre gouvernement, majoritairement composé d’hommes se dira qu’il n’est pas logique qu’on doive encore payer nos protections hygiéniques, par exemple.

Je trouve que le sujet du féminisme est compliqué car actuellement beaucoup se sentent exclus et rares sont les hommes qui se revendiquent féministes alors qu’en fait, pour moi, s’ils veulent l’égalité homme/femme dans tous les domaines de la vie, que ça passe par l’égalité des salaires ou par la gratuité des protections hygiéniques, alors ils sont féministes !

Je crois que l’erreur de certaines personnes supportant la cause « féministe » qui n’est même pas en sois un combat mais plutôt un mode de vie, c’est de croire qu’on peut y arriver seules, entre femmes. Si on vise l’égalité hommes/femmes alors on travaille ensemble. L’homme ne doit pas être notre ennemi mais notre partenaire dans cette évolution !

À quelle fréquence consulte-tu les réseaux sociaux et à quelles fins ?

Je consulte les réseaux sociaux tous les jours. J’essaie de me fixer des limites de temps parce que malheureusement et je pense qu’on est quasi tous pareils, je peux y passer un temps trop considérable pour l’utilité que ça m’apporte !

Je consulte principalement YouTube et Instagram, apparemment Facebook c’est démodé… ! YouTube plutôt à des fins « culturelles » ou culinaires. En ce moment, j’adore regarder les émissions de FranceTv slash, ils font parler les jeunes et c’est hyper intéressant, je conseille principalement l’émission sur la sexualité « Sex Talk » qui est vraiment sympa et instructive et l’émission « Séduire » qui évoque la séduction autour de la Méditerranée. Et puis, les vidéos culinaires car j’adore cuisiner, un vrai pêché mignon ahah !

Et puis, sur Instagram, j’essaie de plus trop consulter les profils pas trop réels et de suivre plutôt des comptes inspirants ou marrants, j’ai fais un tri récemment ! Je consulte de plus en plus des trucs totalement WTF comme le compte de Marc Tudisco qui fait de l’art en 3D. Il fait faire des pompes à des makis et il crée des animations totalement parallèles et totalement barrées avec des petits personnages qui dansent avec ou dans de la nourriture sur des musiques connues. Des fois je passe en boucle la vidéo pendant quelques minutes, ça me fait rire ! J’adore son univers.

Que penses-tu du body-positivisme (mouvement né des réseaux sociaux numériques) ?

Je suis mitigée quant à ce mouvement. D’un côté, je trouve ça dingue qu’enfin on se préoccupe de toute le monde dans la mode parce que c’est tellement important...D’un autre côté, j’ai l’impression que pour certaines enseignes, c’est simplement un effet de mode, au même niveau que le Greenwashing. On voit quand même que certaines enseignes font profil bas quant à ce mouvement. Je me souviens même de Karl Lagerfeld (oh pauvre de lui!) qui avait dit que la mode n’était pas réservée aux grosses. Ce genre de paroles c’est contraire aux droits de l’homme pour moi! À un niveau rapproché du racisme... Donc oui, c’est génial qu’on se dise enfin que c’est normal d’inclure toutes les tailles et que les femmes acceptent enfin leur corps sans avoir de pression. Mais voilà, ce qui me pose problème c’est l’aspect économique de ce mouvement. En fait, je trouve ça tellement pas sain de se dire qu’une enseigne fait ça dans le simple but d’un bénéfice économique. Récemment, Zara a fait beaucoup parlé, ils considéraient la taille 40 comme une grande taille tout en sachant que la taille moyenne des françaises est le 40. L’exemple typique du « faux » body-positivisme !

Et puis, quelque chose d’autre qui me pose problème, c’est qu’il faille tout le temps se mettre dans des cases. En fait, j’ai pas envie que ça devienne un truc du genre « Je suis ronde, j’ai des formes, je suis bodypositiviste » alors qu’en fait on devrait juste penser « Je suis ronde, j’ai des formes et ça fait de moi un être humain », point final ! Je trouve ça dingue qu’on doive justifier le fait que l’on s’accepte ou que l’on poste une photo en étant sois-même, c’est à dire avec notre physique, avec des formes, en devant se cacher sous un hashtag « body-positive » alors qu’au final, peut être que personne ce serait dit « elle est ronde » si la personne n’avait pas justifié son post de ce hashtag.

Que penses-tu de l’image qui est renvoyée de la femme sur Instagram ?

Je pense qu’Instagram renvoie une image hyper exigeante de la femme. Comme si on ne lui foutait jamais la paix à cette pauvre femme.

La femme sur Instagram doit être « parfaite », on en arrive à des représentations totalement superficielles. Leurs photos sont retouchées, la quantité de make-up est affolante, le naturel n’y est pas et si on voyait une telle personne dans la réalité, on pourrait se dire qu’on a atteint un monde parallèle où règnent les poupées. Ces poupées règnent alors sur des mondes que dans 99,9 % des cas, aucune personne de ton entourage n’aura jamais la chance de connaître. Et pourtant, au plus grand malheur de notre société, cette représentation de la femme est normale. Comme si vivre dans un univers parallèle fait de retouches, de faux-semblants et de Photoshop, ça devait être notre normalité.

D’un autre côté, si la femme n’est pas parfaite, elle doit avoir quelque chose à défendre ou à montrer automatiquement. En fait, j’ai l’impression que pour qu’elle soit intéressante, elle ne doit pas être simplement elle-même.

En fait, c’est exigent dans le sens où ce que l’on exige d’une femme ne correspond jamais à la réalité de la femme en général et pourtant on en fait une norme. Je pense qu’actuellement, beaucoup de jeunes filles surtout peuvent être touchées par ce problème, ça peut être très grave ! Aujourd’hui, ça doit être difficile d’être une jeune fille, une adolescente dans cette société. Tellement de pression repose sur leurs épaules ! Il faut avoir une taille fine mais des grosses fesses, des lèvres pulpeuses mais un visage fin, des sourcils fournis mais des cheveux blonds polaire ! C’est très dur et j’ai peur que la génération qui arrive ne soit concentrée que sur ce genre de problématiques et oublie les fondamentaux : le respect, l’empathie, la bienveillance, l’acceptation de soi. En fait, j’ai peur que l’obsession de l’image prenne le dessus et que les modèles féminins qui inspirent les jeunes filles d’aujourd’hui soient uniquement les Kardashian ou les nanas avec le feed Instagram parfait ! J’ai peur que l’esthétique passe avant le psychique !

Est-ce qu’aujourd’hui en tant que femme tu te sens réellement libre sur les réseaux sociaux, de poster et d’envoyer ce que tu veux par rapport à ta sexualité ?

Libre, oui. Après mon avis est hyper controversé par rapport à tout ce qu’on peut partager vis à vis de sa sexualité sur les réseaux sociaux. Je pense qu’on peut partager beaucoup de choses et que beaucoup ne choquent pas ! Après, toute la contradiction des réseaux sociaux c’est de censurer des tétons pendant que deux mecs se battent !

Donc oui, on est libre de partager, après on se confronte forcément à la censure quand on est une femme parce que notre corps est beaucoup trop sexualisé.

Ce qui me donne un avis controversé, c’est plutôt de savoir si on peut tout partager. Autant en tant que femme qu’en tant qu’homme ou autre. Parfois, je ne vois pas la nécessité de certains partages. On est tellement dans une société où tout doit être montré que des fois certaines choses dépassent les limites. Ça ne concerne personne les papouilles que tu fais à ta copine, si tu fais des suçons à ton partenaire, ça ne concerne personne non plus ! Je trouve que ta sexualité doit seulement concerner toi et ton/tes partenaires mais jamais toute la terre entière. En fait, ça n’a pas sa place sur les réseaux sociaux, de mon point de vue, parce que la sexualité reste quelque chose d’intime.

Après, il y a certains posts où je me suis déjà posée la question, à savoir si c’était pas un peu trop, si j’allais pas passer pour une personne limite, à reposter par exemple, une publication qui parlait du « casual sex » avec des partenaires différents. Et puis après je me dis qu’au pire, je m’en fiche un peu, je reste en privé, j’estime que les personnes qui suivent mon profil Instagram n’ont normalement pas de mauvaises intentions.

Pour ce qui est tout ce qui concerne l’intimité sur les réseaux, plus sexuellement parlant, c’est à dire plutôt envoyer des photos ou la drague en ligne, disons que ça doit être réfléchi ! La drague, ça passe encore, ça arrive à tout le monde d’être un peu « chaud » avec sa target. Par contre, les photos, jamais de la vie ! C’est vraiment quelque chose que je trouve très dangereux. Ça me fait peur, on entend tellement d’histoires malsaines et terribles. Et malheureusement dont les femmes sont quasiment toujours les victimes.

As-tu déjà été exposée à une situation non consentie sur les réseaux sociaux ?

À ma connaissance jamais ! C’est le genre de choses que je redoute. Je pense qu’il faut aussi faire en sorte que ça n’arrive pas. Les « nudes » à des inconnus, mieux vaut oublier ! Hehe ! Ça me fait penser à cet épisode de Black Mirror d’un jeune mec qui était filmé à son insu en train de se masturber, la suite est tragique et ça vaccine !

Un petit mot de fin madame?

Je pense qu'essayer de s'accepter soi-même et les choix qu'on fait c'est important. A toutes les personnes du monde, j'aimerais qu'il n'y ai pas de honte à être l'humain que vous êtes. Un gros nez, des petits seins, un grain de beauté sur la joue, une dentition imparfaite et un peu de bidon sont toutes ces particularités qui font votre personne. Vos défauts comme vos qualités vous humanise, vous rendent vrai, et il n'y a rien de plus beau.

Merci à Juliette, pour sa confiance et pour les jolies portes de réflexions qu'elle a pu nous ouvrir tout au long de son témoignage.