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  • Photo du rédacteurLouise

Rencontre avec Romane, une tatoueuse bretonne complètement 'Badass'

Dernière mise à jour : 12 juin 2019

J’ai rencontré Romane il y a quelques mois, son style, ses flashs m’ont tout de suite plu. C’est aussi la musique, le petit thé ou café lors du rendez-vous, l’ambiance « à la cool », décontractée, et très accueillante chez elle qui m’ont séduite. Dans l’entrevue d’aujourd’hui, je te propose de faire connaissance avec cette jeune femme très forte, assumée, et ambitieuse qui a oser réaliser ses rêves. Entre la psychologie, l’encre et les aiguilles, elle s’en sort à merveille et c’est extra ! Belle lecture.


Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Romane, j’ai 22 ans, je viens du Nord- Finistère et j’habite à Rennes depuis 5 ans. Je suis actuellement en première année de psycho, et avant ça j’ai fait une licence d’arts plastiques que j’ai validée. La psycho me plaît beaucoup, je pense que je n’aurais pas pu commencer ça directement après le bac, je n’étais pas assez mature mais cette année c’était le bon moment. Et je suis aussi tatoueuse sur Rennes.


Toutes Les Femmes de Ta Vie, c’est un lieu où on parle de féminisme, et toi c’est quoi ta définition du féminisme ?

Avant toute chose, on a tendance a parler d’abord d’égalité hommes-femmes etc, moi c’est pas quelque chose que j’évoque directement quand on parle de féminisme, parce que j’ai l’impression que les femmes ont quelque chose à rattraper en fait, tout ce temps là perdu, on doit le rattraper et donc ce serait même au-delà de l’égalité hommes-femmes. Ce serait une forme de discrimination positive qui serait à mettre en place au profit des femmes pour plus de droits, de liberté, c’est pas normal qu’une femme ne se sente pas en sécurité en présence d’hommes dans la rue par exemple.

Mon féminisme au quotidien se traduit de différentes manières. Si je suis en situation où je suis avec des gens et je repère des comportements ou des attitudes sexistes, misogynes, des propos qui ne me plaisent pas vis à vis des femmes, j’interviens. Bon après j’ai un peu de mal avec ça, j’ai tendance à être très agressive et j’ai un travail à faire la dessus mais j’interviens et j’essaie de comprendre pourquoi la personne a dit ça et j’essaie de lui faire changer son point de vue en lui disant : « Écoute moi je pense ça, moi ça me fait ça », en parlant de mes sentiments, en parlant de comment ça me touche, pour l’amener a modifier ce comportement là. Dans la vie de tous les jours ça se traduit comme ça. Après ça peut se traduire dans mes dessins, dans la musique ou avec les comptes que je suis sur instagram. Il y a pleins de comptes instagram où il y a vraiment des choses intéressantes, des débats, des idées. Puis cela va se traduire aussi, dans mes choix politiques, je vais faire très attention à la fiabilité de telle ou telle personne sur la question des droits des femmes. C’est assez global.


Et le tatouage, ça signifie quoi pour toi ?

Pour moi, pour mon corps, ça a plus une signification esthétique, un motif que je vais trouver beau, je vais me le faire tatouer. Mais après j’accepte et je comprends, la démarche que les gens font pour se faire tatouer, que ce soit quelque chose de très fort auquel ils ont réfléchis très longtemps. Moi c’est pas ma démarche mais je la comprend totalement. Il n’y a pas de règles dans le tatouage.


Tu es tatouée et tatoueuse, peux-tu nous raconter tes premiers tatouages et leurs significations ?

J’ai fait mon tout premier tatouage le 27 novembre 2015 et en fait ça a été un petit peu sur un coup de tête, je savais que deux tatoueuses parisiennes que j’aime beaucoup, qui sont illustratrices à la base, qui sont Anna Wanda Gogusey (https://www.instagram.com/annawandagogusey/?hl=fr ) et Roca Balboa ( https://www.instagram.com/rocabalboa/?hl=fr ), venaient à Rennes et c’est un pote qui m’avait mis en contact avec elles. Donc j’ai décidé de me faire tatouer comme ça sur un coup de tête mais avant d’y aller je savais pas quel motif j’allais faire. Ce qui importait le plus c’était de me faire tatouer par ces nanas la et j’avais juste envie de me faire tatouer en fait. Le motif du coup c’est un petit lion mais en soit c’est pas tellement le motif qui importe, c’est plutôt que chacun de mes tatouages je me rappelle à quel moment je l’ai fait et chaque tatouage représente une période de ma vie. Donc quand je les regarde, quand je les vois, ça me renvoie à une période de ma vie, ça me rappelle ce qu’il s’est passé à ce moment là. Une sorte de chronologie sous forme de motifs mais il y a pas tellement de significations pour moi à proprement parler.


Penses-tu qu’il y a un lien entre le fait de se faire tatouer et l’acceptation du corps ?

Oui ! Un gros lien, on voit dans l’actualité des nanas qui se font tatouer la poitrine après une mastectomie, c’est une sorte de thérapie en fait. Et moi c’est quelque chose dont je me suis rendue compte alors que ce n’était pas volontaire sur mon corps. J’ai commencé à me tatouer les jambes mais c’était vraiment purement de l’entraînement à la base puis je me suis rendue compte au fur et à mesure que j’avais beaucoup moins de mal à montrer mes jambes alors que c’était une partie de mon corps qui me dérangeais avant. C’était pas excessif mais aujourd’hui c’est une question que je ne me pose plus du tout, si j’ai envie de mettre une jupe, et bien je mets une jupe et je suis contente d’exhiber un petit peu aussi mes tatouages et je me dis aussi qu’on voit autre chose que mes « grosses jambes », même si ça c’est dans ma tête !


Comment es-tu devenue tatoueuse ? Quel est ton parcours ?

C’est très vieux comme idée. Je pense que c’est quelque chose qui m’attirait depuis le lycée et j’y pensais beaucoup et puis j’en ai parlé avec mes parents forcément, parce qu’avant j’attachais beaucoup d’importance à leur avis et je faisais beaucoup en fonction d’eux et ils m’ont mis énormément de barrières en me disant que le tatouage c’était qu’une mode, que je n’y arriverais jamais, que ce n’était pas sécurisant comme métier. Et que comme c’était une mode bah j’en ferais pas un métier. C’est complètement con parce qu’aujourd’hui quand j’y réfléchis, par définition, le tatouage n’est pas éphémère, donc ça ne peut pas être une mode en fait. Et donc j’ai décidé il y a un an après avoir abandonné mon master, de commencer à tatouer et j’ai eu le cran de dire à mes parents pour une fois : « Ecoutez, je vais le faire », c’était pas une question, mais bien une affirmation, « Si vous me suivez tant mieux, j’en serai très heureuse et si vous me suivez pas tant pis, je vais quand même le faire ! » Et ils ont compris, je pense à ce moment là que c’était définitif, c’était une vraie décision, ils ont choisis de me soutenir même si ils étaient très timides au début et mes premiers tatouages ils ne me demandaient pas comment ça c’était passé. Et puis là ça vient au fur et à mesure, je pense qu’ils se sont fait à l’idée parce que j’ai aussi fait quelques tatouages à la maison, chez moi, donc mes parents étaient là et ils ont bien vus que tous leurs a priori, sur la douleur notamment étaient complètement cons. Parce que les gens qui viennent se faire tatouer, à la maison en tout cas, ils ne pleurent pas, ils font pas de malaises, tout se passe bien.

Du coup j’ai commencé à travailler il y a un an, je me suis acheté tout mon matériel de tatouage et puis j’ai décidé de commencer sur de la peau synthétique, de la peau de cochons, puis sur moi, sur des potes et ainsi de suite.


Comment définirais-tu ton style ? Qu’est ce qui t’inspire ?

Je pense que j’ai des thèmes assez clairs, la nature, le corps, les yeux et puis un petit peu de fantastique aussi. Mes inspirations, j’en ai une en particulier, Anna Wanda Gogusey, qui est une illustratrice parisienne et qui tatoue depuis un petit moment maintenant, et j’aime beaucoup ce qu’elle fait, c’est très fin, il y a des détails mais ce n’est pas fouilli, il n’y a pas d’ombres et moi c’est ça que j’aime bien. En fait ce que j’aime bien c’est que sur le corps, ça ne fasse pas juste une grosse tâche.J’aime bien la finesse, et en fait mes tatouages découlent de mes dessins car je dessine depuis toujours et mes dessins ont toujours été comme ça. J’aime bien la ligne noire, avec des fois juste une petite touche de couleur.


Rencontre tu des difficultés en tant que femme dans le milieu du tatouage ?

Je pense qu’il y a des difficultés, des inégalités. J’y ai jamais vraiment été confrontée. J’ai été tatouée que par des femmes déjà et j’ai jamais essayé d’entrer en apprentissage chez un tatoueur mais c’est aussi parce qu’on m’a dit en amont que je n’y arriverais pas, que c’était très compliqué. Les tatoueurs avaient du mal à prendre des gens parce que ce sont des potentiels concurrents à l’avenir, du coup je me suis même pas posé la question. Après c’était aussi une expérience personnelle, en mode je vais tester et essayer toute seule et on verra ce que ça donne. Et puis sur mon chemin j’ai rencontré des gens dont Stan, une copine qui tatoue aussi et qui m’a appris beaucoup de choses. Mais oui, on voit qu’il y a plus de mecs tatoueurs connus que des nanas, c’est un fait ça. Après je crois qu’il y a de plus en plus de nanas qui se font leur place, qui s’imposent et ça marche. De mon coté, j’ai jamais eu de difficultés à être prise au sérieux. Je suis tombée sur un tatoueur une fois au bar, on discutait et je ne me suis jamais sentie rabaissée parce que j’étais une femme, ou parce que j’étais plus jeune, au contraire, il était étonné mais il trouvait ça chouette.

J’ai entendu que ça pouvait être compliqué, parce que le tatouage c’est assez viril parfois, dans les salons on voit beaucoup de grosses pièces très noires. En fait j’ai même pas essayé de me confronter à cela.


Actuellement, tu tatoues dans ton petit chez toi à Rennes, et c’est quoi la suite ?

En fait, on a un projet d’association, qui va être monté dans très peu de temps. On va monter une asso’ avec mes copains, dont ma copine Stan, qui est tatoueuse aussi. Le but c’est d’ouvrir un lieu avec deux salles dont une serait un local de tatouage dans lequel pourrait venir s’exercer des tatoueurs qui comme moi ont commencé chez eux et qui galèrent un peu parce qu’ils ont par forcement le matos, la table et même tous les produits d’hygiène. Le but est de les aider à percer un peu et puis de se faire un petit nom. Donc ça c’est un projet qui va être mis en place d’ici septembre on espère. Et puis à l’avenir, je pense que moi je vais continuer le tatouage parce que j’adore ça mais en parallèle j’adore aussi mes études. Donc dans l’idéal ce serait de faire les deux, psychologue puis tatoueuse.Psychologue, le matin, tatoueuse l’après-midi. Et puis je sais que j’aurais pas de patron et c’est aussi pour ça que je choisis ces métiers là, c’est que je dois rien à personne, je fais mon emploi du temps fin c’est moi qui gère tout, de toute façon j’ai horreur d’être dirigée par une autorité supérieure. Ce serait parfait, vraiment le bon compromis !


Un petit mot pour finir ?

Il faut oser se lancer ! Il faut mettre un petit peu d’argent de coté, forcément tu commences avec des trucs un peu pourris, des machines qui coûtent pas 800 balles mais au fur et à mesure ça marche et puis nous avec notre asso’ on va pouvoir vous aider ! Mais si c’est une idée, je pense qu’il faut se lancer parce que c’est un truc assez incroyable, prendre une décision pareille ça m’a changé humainement aussi. Et puis même pour une fois d’aller contre l’avis de mes parents et dire : « c’est mon argent, c’est ma vie et je fais ce que je veux ! ». De pas les écouter et je suis beaucoup plus heureuse depuis que je les écoute pas ! Allez-y !


Merci à Romane, Romanimale sur instagram (https://www.instagram.com/romanimale/?hl=frpour) sa confiance et sa franchise. Vous ne savez pas où faire votre prochain tatouage ? N’hésitez plus !

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