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  • Photo du rédacteurLouise

Corentine à propos du féminisme

Dernière mise à jour : 29 janv. 2019

Corentine a 19 ans, elle vient de Lille et habite à Rennes pour ses études. Aujourd’hui, elle va te parler de sa vision du féminisme et j’ai quelques questions à lui poser.


Qu’est ce que tu entends par féminisme ?

La définition pour moi est de vouloir l’égalité entre les femmes et les hommes en terme réel. Pas seulement « ok on est égaux » mais l’égalité de traitement. Tout ça se traduit pour moi dans beaucoup de choses au quotidien. J’ai l’impression qu’il n’y a pas de petit féminisme, il n’y a pas de petite lutte féministe.

Penses-tu qu’il y une égalité à la naissance entre les petites filles et les petits garçons ? Est-ce qu’on naît tous avec les mêmes chances ?

Le genre de naissance va faire découler tout un tas de stéréotypes et de contraintes de genre. Typiquement dans la moitié des sitcoms, des films, la préparation de la chambre du bébé, avant l’arrivée du bébé, avant même qu’il soit là on lui assigne déjà des choses, des idées préconçues. C’est un garçon, la chambre sera peinte en bleu, si c’est une fille elle sera rose. Tout arrive dans la tête des parents et certains même qui ne sont pas dans la logique du genre se posent des questions comme « quel jouet j’achète à mon gamin ? ». Certains évoluent et attendent de voir ce que l’enfant demande, ce qui lui plairait vraiment. Mais c’est difficile, car nous sommes façonnés autrement par la société. Il y a un film Captain Fantastic (de Matt Ross sorti en 2016), où le père ne fait aucunes distinctions entre ses enfants garçons et ses enfants filles et ça se passe très bien, et ça montre bien qu’on est déterminé par la société. Ce film est très inspirant, par rapport à l’éducation des enfants notamment.

Penses-tu que le féminisme est exclusivement dédié aux femmes ou c’est aussi une affaire d’hommes ?

Tout le problème avec cela, à mon sens c’est que quand un homme s’affirme comme féministe, on va le mettre en avant. On va dire « regardez cet homme défend les femmes, c’est super, c’est vraiment quelqu’un qui a tout compris », alors qu’il y a des femmes qui se bougent depuis des années, qui en parlent depuis des années et elles on les met pas en avant parce que c’est des femmes, elles luttent pour les femmes donc cela paraît normal. C’est pas que une affaire de femmes mais selon moi si il y a des hommes qui veulent s’engager dans la lutte féministe, la meilleure façon de le faire serait de mettre en avant les femmes qui en parle. Aujourd’hui, on vit dans une société patriarcale et du coup on écoute plus les hommes. Si les hommes pouvaient profiter de leur voix qui porte plus parfois, pour mettre en avant des femmes, ce serait la meilleure façon pour eux d’être féministe. Ne pas voler la place sur le devant de la scène médiatique des femmes.

Que penses-tu du discours qu’on peut souvent entendre dans les médias « toutes les féministes sont extrémistes » ?

Je suis totalement opposée à cette idée. C’est n’importe quoi. Il y a juste beaucoup de gens qui ont peur, qui associe le féminisme aux Femen (groupe féministe d’origine ukrainienne fondé à Kiev en 2008), ce mouvement qui voudrait sois disant renverser les hommes, devenir supérieur à eux. C’est pas ça, de toute façon on est encore très loin de l’égalité femmes/hommes. On a beaucoup de chemin à faire alors pour arriver à la supériorité des femmes, on en est encore loin. De toute façon personne ne veut vraiment cela, l’égalité je pense que c’est le but vers lequel on veut tendre. Et même si il y a des féministes qui sont extrêmes, j’ai du mal à considérer cela comme quelque chose de négatif car pour moi quand une lutte doit avancer, ça doit parfois passer par des extrêmes. Après c’est ma vision de quelqu’un qui y crois déjà…

En octobre 2017, le mouvement #MeToo (mouvement de dénonciation par les femmes des violences, agressions sexuelles et harcèlement dont elles avaient pu être victimes) s’est largement diffusé sur les réseaux sociaux, qu’est-ce que tu en as pensé ?

J’ai trouvé ça génial ! J’ai envie de dire, ENFIN ! Enfin, on commence à mettre fin à cette impunité qui règne partout. C’est toujours la faute de la victime. Et bien non, la faute vient de celui qui agresse, celui qui insulte, celui qui viole. La faute n’est pas dans la tenue d’une personne. Et à tout ceux qui ont pu dire « Oui mais il y a des fausses accusations... », certes, il doit y en avoir mais pour le peu qu’il y en a, pourquoi la première chose que les gens ont pu dire des fois « Oui mais comment on s’assure de la véracité des propos des femmes qui dénoncent ? », j’ai envie de leur répondre : non c’est pas ça la question en fait. La question qui se pose est, il y a une femme qui témoigne, pourquoi tout de suite croire qu’elle ment, pourquoi remettre en cause ses propos, pourquoi ne pas croire qu’elle dit la vérité. J’ai donc trouvé ça vraiment bien après cela pose toujours des questions. En effet, encore une fois les femmes qui sont mises en avant par le mouvement sont les femmes d’Hollywood alors qu’il y a beaucoup d’autres femmes qui ont besoin de dénoncer des choses qu’on leur a fait. Mais cela reste très positif et ça fait du bien de libérer la parole et il est là le problème c’est qu’aujourd’hui on ose pas parler parce qu’on va se faire taxer de menteuse.

En 2000, une loi a été votée en France sur la parité femmes/hommes en politique, penses-tu qu’aujourd’hui on se rapproche de cette parité ou on en est encore loin ? Est-ce que les femmes sont incluses sur la scène politique ? Qu’en penses-tu ?

Elles sont là, mais quand on voit qu’a l’assemblée nationale on fait des bruits de poule lorsqu’il y a une femme qui parle, on est loin de l’égalité de traitement entre des hommes et des femmes politiques. Et puis même, il y a cette tendance à ramener les femmes politiques à leur physique encore une fois. En fait elles sont pas là pour plaire, elles sont pas là pour être belles, elles sont là pour faire de la politique. Peu importe de quelle couleur politique elles sont, elles sont là pour faire de la politique. En politique aujourd’hui, quand on les invite sur un plateau on en vient certaines fois à parler de leur physique alors qu’on se poserait pas à un homme la question, par exemple, « mais du coup, comment est-ce que vous trouvez votre nez ? ». Cela dit, on voit quand même que certaines choses changent, il y en a de plus en plus qui s’engagent, comme Marlène Schiappa (secrétaire d’état chargée de l’égalité hommes/femmes, parti En Marche!) par exemple. Il faut qu’aujourd’hui les petites filles elles sachent que c’est possible. Cependant, on est très loin encore de cette égalité, et cette parité.

Un mot de la fin pour tous nos lecteurs.

Il faut pas avoir peur de s’affirmer féministe, et il faut oser reprendre quelqu’un si il insulte une femme par exemple. C’est ça aussi le féminisme, il n’y a pas de petites échelles de féminisme. Essayer de sensibiliser ton entourage, tes connaissances, à l’égalité réelle c’est déjà du féminisme. Tous les jours tu peux être féministe et il ne faut pas avoir peur de s’en réclamer.

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